Une eau claire, mais contaminée

L’eau de votre lac est claire comme de l’eau de roche, elle semble naturellement pure et vous donne le goût de la boire ? Vous vous demandez si vous pouvez la boire. La réponse est NON, et voici pourquoi.

LA TRANSPARENCE DE L’EAU D’UN LAC ET SA QUALITÉ.

Les eaux de surface comme celles des lacs et des rivières, et même celles des puits sont sujettes à une contamination microbiologique. L’eau, pour être potable, ne doit contenir aucune trace de bactéries E. coli ou entérocoques. Or dans les lacs et les rivières, il y en a pratiquement toujours compte tenu de la présence faunique autour de ces plans d’eau. Aussi si vous devez boire de cette eau il est essentiel de maintenir cette eau en ébullition durant au moins une minute avant de la boire.

 

Les coliformes, souvent le principal élément microbiologique analysé dans les lacs, sont des espèces bactériennes qu’on trouve naturellement dans les sols, la végétation et l’eau ou bien encore dans l’intestin des humains et des animaux à sang chaud. L’ensemble de ces espèces porte le nom de coliformes totaux. Parmi ceux-ci, ceux qui proviennent des intestins des humains et des animaux sont nommés coliformes fécaux.[i]

Parmi les coliformes fécaux, environ 90 % sont des bactéries Escherichia coli (E.coli). Leur présence indique hors de tout doute, une contamination d’origine fécale de l’eau et la présence potentielle de microorganismes pathogènes. Comme les coliformes fécaux ne se reproduisent pas dans l’eau, leur présence indique une contamination très récente (déversement) ou continue (installations septiques, présences animales, entreposage ou épandage de fumiers, etc.).

Voir aussi: Protection des lacs

Walkerton ? Vous vous souvenez ?

Même en présence de très faible quantité, on parle même d’un seul coliforme dans un échantillon d’eau (lac ou puits), l’eau doit faire l’objet d’ébullition avant d’être consommée. Bien que les coliformes fécaux et E.coli soient habituellement sans risque pour les humains, il y a des exceptions comme Escherichia coli 0157 :H7. On se souviendra qu’en mai 2000, la paisible ville de Walkerton, en Ontario, a été frappée par la pire épidémie à la bactérie E. coli de l’histoire du pays. Sept personnes meurent et 2300 des 5000 résidents tombent malades après avoir bu de l’eau contaminée.

Mais le plus grand danger réside dans la possibilité que des microorganismes pathogènes accompagnent les coliformes fécaux et E.coli. Ces microorganismes sont des virus, des bactéries et des protozoaires dont, dans ce dernier cas, les deux plus problématiques sont Giardia et Cryptosporidium qui vivent dans les intestins des humains infectés et des animaux à sang chaud comme les castors et les rats musqués. C’est pour cette raison que les risques sont plus grands proche des tributaires du lac. Contrairement à bien des bactéries, qui meurent rapidement dans l’eau, les kystes de Giardia et les occystes de Cryptosporidiase peuvent survivre plusieurs mois dans l’eau. Une fois ingérés, ils se réactivent et se manifestent une dizaine de jours plus tard, par de la diarrhée, des crampes abdominales, des maux de tête, des nausées et des vomissements.

Toutes les personnes exposées ne tombent pas nécessairement malades. Les plus à risque sont celles ayant un système immunitaire déficient comme celles suivant une chimiothérapie, celles ayant reçu récemment une transplantation d’organe ou encore celles atteintes du SIDA.

La présence de castors, de chevreuils, d’ours, d’orignaux, de rats musqués, de visons et de loutres autour du lac devrait suffire à vous indiquer de ne pas boire l’eau du lac sous aucune considération à moins que vous ayez un système de traitement spécialement conçu pour éliminer des micro-organismes mesurant 4 microns (0,004mm) de largeur.

 

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LACS ET CHALETS

[i] Voir : Sérodes, J. (2011). 101 questions pratiques sur l’eau, Éditions MultiMondes.