Bien avant l’avènement du fléau des cyanobactéries, les villégiateurs et riverains étaient confrontés au développement d’herbiers dans la zone littorale des lacs; soit dans la zone de baignade. La cohabitation des plantes aquatiques, des riverains et des villégiateurs est devenue au fil des ans une situation problématique qu’il convient d’aborder dans le but d’informer les riverains et villégiateurs des avantages et désavantages associés à la présence de plantes aquatiques dans un plan d’eau.

Avantages

La problématique de développement des plantes aquatiques et la prolifération des cyanobactéries sont deux phénomènes biologiques qui semblent indépendants à première vue, mais que de plus en plus de chercheurs commencent à en découvrir les interrelations. En effet dans les lacs peu profonds il semble que les plantes aquatiques jouent un rôle essentiel dans le maintien d’une eau claire, dépourvue d’algues (dont les cyanobactéries) compte tenu que les principaux éléments nutritifs des algues sont accaparés par celles-ci et qu’il a été démontré que les plantes aquatiques jouent un rôle essentiel dans le maintien d’une population abondante de zooplancton, en offrant à celle-ci un abri contre la prédation des poissons : le zooplancton étant le principal prédateur des algues.

Ainsi une méthode utilisée de par le monde pour limiter le développement des cyanobactéries consiste à éliminer les poissons planctivores des lacs affectés, le temps que le zooplancton diminue, par prédation, la population d’algues. On parle alors de manipulation biologique des lacs.

En créant des zones d’eaux calmes, les herbiers aquatiques favorisent aussi la sédimentation des particules en suspension dans l’eau, ce qui permet, outre l’éclaircissement de l’eau, une utilisation rapide des éléments nutritifs attachés à ces particules par les plantes aquatiques qui s’en nourrissent essentiellement par les racines ; essentiellement, car dans la grande famille des plantes aquatiques tous ne sont pas enracinées au substrat.

En effet, les plantes aquatiques comprennent les plantes à feuilles submergées (Ex.: potamot, myriophylle), les plantes à feuilles flottantes enracinées ou non (Ex. : châtaignes d’eau, lentilles d’eau, nénuphars) et les plantes émergentes (Ex. : quenouilles, sagittaires). Ajoutons que les plantes aquatiques sont naturellement présentes dans les milieux aquatiques et qu’elles ne constituent pas nécessairement un indice de dégradation des lacs.

Le cas de la myriophylle à épi est particulier, car il est une plante aquatique exotique arrivée d’Asie et/ou d’Europe qui s’est vite propagée dans nos plans d’eau formant de véritables massifs subaquatiques et cela au détriment d’espèces indigènes.

Myriophile à épis

La prolifération des plantes aquatiques est la plupart du temps associée à des plans d’eau qui offrent naturellement des conditions favorables à leur développement : lacs peu profonds offrant une zone littorale peu profonde très importante. La faible profondeur permet à la lumière d’atteindre le substrat de fond et de stimuler leur croissance. Il est d’ailleurs remarquable que les plantes se développent très peu dans les zones d’ombrage de nos lacs.

Les plantes aquatiques sont aussi reconnues pour jouer un rôle essentiel à titre d’habitats de poissons assurant un abri aux plus petites espèces, qui se nourrissent de zooplancton, en les mettant hors de la portée des plus gros prédateurs. Il en est de même pour les canetons qui y trouvent des insectes à profusion, s’assurant ainsi un accès à des protéines en grande quantité, éléments essentiels à leur besoin de croissance rapide.

On ne saurait trop insister d’autre part sur le rôle évident joué par les plantes aquatiques dans le contrôle de l’érosion des rives face aux vagues de vent et au batillage.

Désavantages

Aussi et malheureusement, la forte présence de plantes aquatiques peut favoriser le développement de la dermatite du baigneur (Schistosome dermatitis).

Mais bien sûr, la trop forte présence de plantes aquatiques en rives peut occasionner une perte d’usage du plan d’eau au droit des résidences riveraines. Alors quoi faire ?

Nous pourrions ici dresser une longue liste de tous les moyens possibles pour éliminer les plantes aquatiques mais leur élimination est actuellement proscrite par le Ministère du Développement durable, de l’Environnement, et de la lutte aux changements climatiques (MDDELCC).

D’autre part, nous avons mentionné plus haut le risque réel de provoquer le développement des algues en éliminant les plantes aquatiques de nos zones littorales. Plusieurs de nos lacs présentent un niveau d’eutrophisation critique de sorte qu’il serait risqué de déployer dans ces lacs une stratégie agressive d’élimination des plantes aquatiques dans l’état actuel des connaissances que nous avons de nos lacs.

Il faut exclure, même avec une autorisation, une récolte systématique sur de grandes surfaces compte tenu des ressources logistiques et financières que cela implique. D’autre part, et pour cause, une telle démarche exige des autorisations environnementales (MDDELCC) qui rendent l’exercice encore plus fastidieux.

Le choix d’une technique de récolte des plantes repose sur une bonne connaissance du lac visé, et dans tous les cas doit s’inscrire comme un élément parmi d’autres d’une stratégie globale. C’est d’ailleurs, pour toutes les techniques envisageables, le souhait du MDDELCC, que les demandes d’autorisations d’utiliser une de ces techniques, soient accompagnées d’un plan directeur, et, que soient bien identifiées, les actions complémentaires à l’extraction des plantes aquatiques : Ex. : contrôle des apports terrestres via les cours d’eau, les terrains riverains, les fossés de route, etc.

Comme on peut le constater, les plantes aquatiques jouent un rôle important dans l’équilibre écologique des lacs, de sorte que toutes interventions visant à les éliminer exigent un minimum d’analyse de la part d’un expert.

 

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