Depuis maintenant plus d’une décennie à chaque été nous entendons parler de fermetures ou de restrictions d’usages de lacs causées par la présence de cyanobactéries. Il s’agit d’une problématique qui a de graves répercussions pour les utilisateurs des lacs et des autorités municipales.
En plus d’avoir des impacts possibles sur la santé des baigneurs et des amateurs de sports nautiques, la présence de cyanobactéries dans les lacs entraîne des répercussions importantes sur l’évaluation des propriétés riveraines et donc, éventuellement, sur les comptes de taxes des municipalités dont leurs lacs sont affectés par ce phénomène.
Les associations de lacs doivent travailler à trouver des solutions réalistes à ce problème qui, si rien n’est entrepris, ne fera qu’augmenter dans les prochaines années. En effet, le réchauffement climatique annoncé, et maintenant démontré, ainsi que l’allongement anticipé des périodes caniculaires associées, n’aideront certainement pas la cause, bien au contraire.
Il n’est pas nécessaire d’avoir une connaissance approfondie des cyanobactéries pour concevoir des solutions de contrôle de ce phénomène. Après tout, ce n’est qu’une algue qui présente des caractéristiques d’une bactérie. Il est cependant crucial de bien connaître les mécanismes physico-chimiques présents dans les lacs car ce sont eux qui régissent l’apparition et la disparition des cyanobactéries.
Par exemple, les lacs dont les eaux en profondeur se retrouvent en manque d’oxygène en été, voient leurs sédiments de fond libérer du phosphore sous forme soluble. Lors du mélange automnal des eaux, ce phosphore est entraîné près de la surface, provoquant, le développement massif d’algues.
Cyanos, phosphore et particules de sols : un ménage à trois
Il est reconnu que le phosphore est le principal élément nutritif à l’origine de la prolifération d’algues dans les lacs et donc de l’apparition de cyanobactéries. Or, le phosphore, pour des raisons géochimiques, voyage préférentiellement dans l’environnement sous forme particulaire, c’est-à-dire attaché à des particules de sols (limon et argile) et de matières organiques.
Le problème de la prolifération trouve sa solution dans cette particularité : en interceptant les particules de sols potentiellement enrichies de phosphore, il est possible de contrôler significativement l’enrichissement des eaux d’un lac. Pour ce faire, il est essentiel de procéder à une analyse de l’ensemble du bassin versant d’un lac afin d’identifier les activités humaines ou naturelles susceptibles de générer l’enrichissement des particules de sol qui pourraient, par la suite, se retrouver dans les tributaires des lacs. Le contrôle de ces apports exige une bonne connaissance des sources ponctuelles (rejets d’eau domestique, etc.) et diffuses (agriculture, golf, etc.) des éléments nutritifs d’un bassin versant, mais aussi des ouvrages de contrôle à mettre en place pour capter les sédiments enrichis avant qu’ils ne parviennent au lac.
De plus, plusieurs lacs du Québec, subissent un développement immobilier important sur l’ensemble de leurs rives provoquant ainsi une charge importante en éléments nutritifs. Ces derniers peuvent provenir des installations septiques défaillantes (rien à voir avec la conformité), et bien sûr, des beaux gazons verts si bien représentés et louangés dans les revues et magazines.
Voir aussi: LACS ET INSTALLATIONS SEPTIQUES
Concernant les beaux gazons verts, sachez que contrairement à ce que certains fournisseurs annoncent, les engrais verts (organiques, compost, etc.) ont sur les algues les mêmes effets que les engrais minéraux (inorganiques).
Une démarche globale
La présence de cyanobactéries dans nos lacs résulte souvent d’une mauvaise gestion des activités humaines, non seulement sur le pourtour immédiat des lacs, mais aussi sur l’ensemble du bassin versant. En effet, des activités agricoles situées à des dizaines de kilomètres des lacs, mais dont les eaux de ruissellement des terres finissent par les atteindre, peuvent provoquer des épisodes de cyanobactéries suffisamment aigus pour entraîner la fermeture des lacs. Des riverains coupables sont alors recherchés, alors que la source du problème se situe bien ailleurs.
C’est pour cette raison qu’il est très important d’effectuer une analyse globale du bassin versant pour identifier des sources d’apports en éléments nutritifs. Dans les Laurentides, au nord de Montréal, on a calculé que 40 % des apports de phosphore dans les lacs étaient générés par les activités des castors.
Article sur les impacts des animaux sur la qualité de l’eau cliquez ici
LACS ET CHALETS