Plusieurs riverains s’inquiètent des coupes forestières qui ont lieu dans les bassins versants de leurs lacs. Mais au-delà des effets réels mais temporaires sur les paysages, est-ce que les coupes forestières ont vraiment un impact sur la qualité de l’eau de nos lacs ?

Rappelons que le phosphore dans les écosystèmes forestiers provient de la déposition atmosphérique (approximativement 10 kg/km2/an au Québec) et de l’altération des roches, tandis que les pertes se produisent via le réseau hydrographique sous la forme de phosphore dissous et particulaire.

Les études sur les sols forestiers démontrent que l’exportation par lessivage est faible en conditions naturelles et même après récolte forestière malgré les perturbations engendrées dans les bassins versants (routes, sentiers de débardage, etc.).

Des pertes de phosphore peuvent être associées au carbone organique dissous et au transport de sédiments provenant de la couche supérieure du sol. Il est reconnu scientifiquement que pour diagnostiquer la qualité d’eau d’un bassin versant, plus que les cours d’eau, les lacs demeurent de meilleurs témoins car ils cumulent les changements ayant cours sur le bassin versant, et les résultats obtenus pour les lacs apparaissent plus pertinents que les changements temporaires observés dans les cours d’eau.

D’autre part le suivi de la qualité d’eau des cours d’eau demeure un exercice techniquement difficile à réaliser, de sorte que les résultats qui en découlent sont souvent ardus à interpréter.

La présence d’un sol forestier est déterminante dans le transport du phosphore (P), principal facteur d’eutrophisation des lacs et des réservoirs d’eau potable, des bassins versants vers les plans d’eau. L’absorption du P soluble inorganique par les plantes transforme ce dernier en P organique, qui est ensuite transformé en orthophosphates solubles par la minéralisation, ce dernier représente la plus grande partie du phosphore utilisé par la végétation, dont les algues dans les lacs.

Des études récentes réalisées au Québec ont démontré, contrairement à ce qu’on aurait pu s’attendre, que l’effet des récoltes forestières, même pour des coupes à blanc, sur le relargage du phosphore dans les eaux est de courte durée en raison de la stimulation de la repousse végétale qui s’ensuit et qui immobilise une portion importante du phosphore disponible dans les sols. Certaines données suggèrent même une augmentation (accumulation) des teneurs en P dans les sols forestiers suite aux récoltes forestières, et donc une diminution dans les eaux des cours d’eau.

Le phosphore soluble, celui utilisé par les algues, représente généralement entre 30 et 50 % du P total mesuré dans les cours d’eau de bassins versants forestiers selon ces études.

ÉVALUER LA QUALITÉ D’UN LAC

Aussi, contrairement à ce qu’on peut observer en milieu agricole, le lessivage du P soluble n’apparaît pas comme un mode de transport important en milieu forestier à cause de l’efficacité de la fixation du phosphore des sols. Les pertes de P en milieu forestier sont surtout associées au délavage des solutés organiques, tel que le carbone organique dissous (COD).

Dans les Laurentides, au nord de Montréal, il a été démontré que les milieux humides, qui ne représentaient que 2 % de la surface étudiée, contribuaient pourtant pour 42 % de la charge totale du milieu forestier.

Dans les lacs du Bouclier précambrien, les Laurentides, qui s’étendant de l’Ontario jusqu’à la Côte Nord, les concentrations moyennes annuelles du phosphore total (Pt) en conditions naturelles varient entre 3 et 20 ug/L dans les lacs individuels, avec une moyenne de 7 ug/L. Une moyenne plus élevée de 13,7 ug/L a été mesurée en Estrie, sur formation géologique appalachienne et pour des lacs influencés par la présence humaine. Cette dernière moyenne se rapproche de celle obtenue pour des lacs non perturbés sur fond argileux (Abitibi).

À titre d’exemple, les concentrations en phosphore dans les eaux du lac Saint-Charles (réservoir d’eau potable – Ville de Québec) et dont le bassin versant est couvert de forêt sur plus de 80 % de sa surface, oscillent grosso modo entre 20 ug/l au printemps (apports du phosphore accumulé dans la neige) et 10 ug/l à l’été. Ces données sont globalement cohérentes avec un lac classé mésotrophe sur l’échelle trophique de classement des lacs, et donc tout à fait dans la moyenne des lacs des Laurentides.

ÉTAT DES LACS DU QUÉBEC EN 2020

Contrairement à ce que nous pourrions croire, l’impact des coupes forestières sur la qualité de l’eau de nos lacs et rivières n’est pas prononcé, ce qui ne veut pas dire qu’il est nul. 

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