Avec l’arrivée de l’automne et de l’hiver, le calme revient sur nos lacs. La chute des feuilles permet d’avoir une vue élargie sur ceux-ci et de redécouvrir la multitude de chalets dispersés tout autour. Les embarcations motorisées sont au rancard pour plusieurs mois et les villégiateurs saisonniers sont repartis jusqu’à l’été prochain. C’est souvent à ce moment-là que l’on réalise à quel point certains de nos lacs sont très développés, peut-être même trop pour certains.  Pour les lacs, s’amorce alors un lent processus de digestion des effets de nos activités.

En effet c’est au cours de l’hiver que les effets environnementaux de notre présence autour des lacs prennent toute leur signification.

D’abord, avec l’arrivée des pluies d’automne le ruissellement et le lessivage de nos terrains et de nos fossés de routes sont très importants. C’est alors que peuvent s’écouler vers les lacs les engrais de nos pelouses et de nos plates-bandes florales. Le processus est d’autant plus actif que la végétation n’est souvent plus au rendez-vous pour ralentir les écoulements d’eau ou encore pour retenir temporairement les particules de sols. Sans compter que certains résidents coupent la végétation dans les fossés au-devant de leurs propriétés, facilitant du coup le ruissellement et le transport des sols érodés vers les lacs, cours d’eau et rivières.

LIMNOLOGIE POUR LES NULS

Au cours de l’automne, dès l’arrivée des nuits plus froides, la température de l’eau de surface de nos lacs s’abaisse et s’alourdit, de sorte qu’elle entame une descente vers les parties les plus profondes du lac. Ce processus entraîne alors l’ensemble des résidus organiques des algues produites en surface au cours de l’été et de l’automne vers les profondeurs. Il en est de même des particules de sols et des matières organiques de toutes sortes provenant du lessivage de l’ensemble du bassin versant du lac.

L’englacement de nos lacs, généralement en décembre, met fin au brassage de l’eau par les vagues et il s’ensuit alors une longue période d’eau calme propice à la sédimentation de l’ensemble des résidus vidangés dans les lacs. C’est ce qui explique d’ailleurs que les résidus ou sédiments sont plus fins dans les parties les plus profondes des lacs. Ce sont aussi généralement les particules les plus fines qui sont les plus efficaces pour s’attacher (sorption) les contaminants et les éléments nutritifs comme le phosphore. Piégés dans les fosses des lacs, ces contaminants peuvent y demeurer éternellement si les conditions physico-chimiques, notamment le pH de l’eau, ne varient pas. Mais les excès de matières organiques que l’on constate de plus en plus dans nos lacs et qui accompagnent  le lent, mais inéluctable processus d’eutrophisation de nos lacs entraînent une consommation excessive d’oxygène par les bactéries du fond du lac de sorte qu’assez rapidement, il vient à manquer d’oxygène au fond du lac. Encore plus lorsque que le couvert de glace empêche tout échange avec l’oxygène atmosphérique pour plusieurs mois. Dans ces conditions, la communauté biologique et la chimie de l’eau sont atteintes. Par exemple, les substances nutritives telles que le phosphore sont libérées des sédiments (désorption) et se mélangent à l’eau. Elles deviennent alors disponibles (forme soluble) et au printemps, lorsque les eaux recommencent à être brassées, ces substances viennent s’ajouter aux nouveaux éléments nutritifs issus du ruissellement printanier et des apports de l’été (engrais, érosion des rives, etc.) C’est à ce moment-là que se met en place un processus plus rapide d’eutrophisation en produisant encore plus d’algues et de plantes aquatiques. Un cercle vicieux s’instaure alors et il devient difficile d’y mettre fin sans un changement drastique de nos habitudes de vie autour des lacs affectés par ce phénomène.

Ce phénomène peut aussi se produire l’été. En effet, il est fréquent qu’en saison chaude, dans les lacs suffisamment profonds, se développe une barrière thermique entre les eaux chaudes de surface et les eaux plus fraîches des profondeurs. La différence de température entre les deux couches d’eau crée une barrière physique (densité de l’eau) suffisamment efficace pour que l’oxygène ne puisse plus se transmettre en profondeur, créant du coup les mêmes conditions de manque d’oxygène que celles enregistrées l’hiver dans les fosses avec, évidemment, les mêmes répercussions chimiques. S’il advient que ces eaux atteignent la surface du lac au cours d’un automne lumineux, il est alors fréquent d’assister à l’éclosion de micro-organismes, tels que les cyanobactéries, juste avant que la glace n’encapsule le lac pour l’hiver. Comme on peut voir, les lacs sont dynamiques même l’hiver contrairement à l’impression que nous en avons.

 

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