Comme bien des nouveaux arrivants dans les villages périphériques aux grands centres urbains, quelle ne fut pas ma surprise de lire dans Le Nouvelliste du 7 février dernier les propos de l’ancien maire de Saint-Élie-de-Caxton, monsieur Garant, concernant les gens de souche versus les nouveaux arrivants. Monsieur Garant y laissant nettement sous-entendre que les malheurs de sa municipalité étaient associés à la trop forte présence sur le conseil municipal de gens qui ne sont pas de souche.

Pourtant, une lecture rapide des problèmes rencontrés dans plusieurs villages de la MRC de Maskinongé suggère tout le contraire.

Il est utile de rappeler que les nouveaux arrivants sont majoritairement, dans les villages de villégiatures, des riverains de lacs ou de rivières à la recherche d’un milieu de vie plus agréable que ce qu’ils ont dans les grands centres urbains.

Au Québec, il y a grosso modo plus de 250 000 propriétaires de chalets qui génèrent des taxes municipales de plus ou moins 500 millions de dollars. C’est énorme. Et c’est sans compter les dépenses qu’ils font en rénovation et construction et qui constituent autant de retombées locales. Leurs arrivées dans les régions sont souvent à la source de relance économique et culturelle de villages et de rebondissements de leur vitalité.

Leurs apports sont donc essentiels au bon fonctionnement des villages de villégiatures. Dans mon village par exemple, le voisin immédiat de Saint-Élie-de-Caxton, plus ou moins 80 % des revenus de la municipalité proviennent des résidents riverains, dont la majorité est composée de villégiateurs saisonniers qui ne sont pas de souche.

D’autre part, il est utile de rappeler que les villégiateurs saisonniers, malgré leurs apports essentiels, sont considérés comme des citoyens de second ordre lors des élections municipales puisque leurs votes ne comptent que pour 1 par résidence, alors que celui des résidents permanents compte pour 2,3,4 selon le nombre d’adultes dans les résidences, ce qui est une injustice flagrante compte tenu de leurs apports économiques et culturels.

C’est d’ailleurs en raison de cette anomalie démocratique que les gens de souche ont souvent réussi à placer leurs candidats aux conseils municipaux. Certaines municipalités ont même tenté, encore récemment, d’enlever le droit de vote aux villégiateurs, alors que d’autres ont élaboré des stratégies pour rendre le vote par correspondance à ce point compliqué, que plusieurs villégiateurs laissent tomber et ne votent pas. Le discours de monsieur Garant s’inscrit dans cette mouvance.

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Les temps changent. Avec le déploiement du télétravail et la horde de baby-boomers qui prennent leurs retraites, les nouveaux arrivants représentent pour les villages de villégiatures une occasion unique de dépoussiérer les anciennes manières de faire. En effet, les nouveaux arrivants, avec leurs compétences techniques et académiques, n’ayons pas peur des mots, peuvent constituer des aides précieuses pour faire face aux nouveaux défis et nouvelles responsabilités, toujours croissantes pas ailleurs, auxquelles font face les villages.

Il est à souhaiter que le discours de monsieur Garant soit un artefact d’un temps révolu et qu’il ne démotive pas les nouveaux arrivants à s’impliquer dans leurs milieux d’adoption malgré les difficultés bien réelles que cela comporte. Le changement est souvent une source de conflits lorsqu’il advient. Mais il est inéluctable. Aussi si bien s’y faire. Il faut trouver la bonne manière de travailler ensemble dans l’atteinte d’un objectif : le bien-être commun.

 

LACS ET CHALETS