Les présentes élections fédérales, bientôt suivies par les municipales, sont l’occasion pour les différents partis politiques de se tirailler sur leurs programmes respectifs concernant leurs approches pour faire face aux changements climatiques, car avec la sortie récente du tout dernier rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat), il ne fait plus de doute : notre climat planétaire change à un rythme sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
En effet même si l’augmentation de la température n’a été que de 1,1 C depuis la période préindustrielle (1750-1850), les dernières modélisations prévoient des augmentations se situant entre 2 et 3,5 C., si rien n’est fait.
Rappelons que le Canada ne représente que 1,5 % des émissions mondiales directes de GES (gaz à effet de serre), et que le Québec n’est responsable que de 5 % de ce 1,5 %. La Chine, les États-Unis et l’Europe sont de loin les plus grands producteurs. La Chine vient d’ailleurs de construire 34 nouvelles centrales énergétiques fonctionnant au charbon, un des principaux combustibles à l’origine des émissions de GES. Notons que la Chine négocie actuellement toutes réductions d’émissions de GES contre des accords économiques qui lui seraient favorables.
Nous sommes donc loin de constituer des sources stratégiques d’émissions de GES dans le cadre d’un programme mondial de leur réduction. Pourquoi alors sommes-nous submergés de propos insistants nous demandant de réduire nos émissions de GES ? C’est qu’il est de bon pour son image de mettre l’épaule à la roue même si nos actions auront peu d’impact sur les réductions de GES à l’échelle mondiale.
Ne pas être de grands émetteurs ne veut pas dire que nous serons épargnés des effets météorologiques associés aux changements climatiques. Loin de là.
Les prévisions météorologiques régionalisées nous indiquent que le sud du Québec, dont nous faisons partie, se réchauffe deux fois plus rapidement que le reste de la planète. Cette situation résulte du fait qu’il y aura une réduction du couvert de neige (7 à 15 jours), ce qui favorisera l’absorption de la chaleur (rayonnement solaire) par le sol. Les hivers seront de plus en plus chauds.
Par ailleurs selon que nous vivons en milieu urbain ou rural les effets ressentis seront fort différents. Il y aura une intensification des canicules en fréquence et en température, ce qui occasionnera plus de périodes de sécheresse et pour de plus longues périodes. Une diminution de la période de gel est prévue ce qui pourrait favoriser la production agricole. Conséquemment à la diminution du couvert végétal, il y aura une diminution des fréquences d’inondation printanières en milieu rural, mais une augmentation des inondations causées par des pluies torrentielles plus fréquentes dans les milieux urbains en raison de l’imperméabilisation des surfaces.
Comme on peut le constater, la ressource eau sera au cœur des changements climatiques dans notre région. Les secteurs les plus susceptibles d’être affectés sont assurément les secteurs de lacs et les terres agricoles. En effet, en ce qui concerne les lacs par exemple, les impacts les plus plausibles se feront sentir sur le plan du réchauffement de l’eau, ce qui imposera pour plusieurs d’entre eux des perturbations écologiques majeures : vieillissement prématuré, épisodes de cyanobactéries plus fréquentes, disparition du touladi, baisse du niveau de l’eau, développement d’herbiers riverains, dégradation de la qualité générale de l’eau ce qui impliquera pour plusieurs riverains l’achat de systèmes de traitement de l’eau plus sophistiqués, etc.
Nos municipalités seront donc aux premières loges de ces changements qui viendront perturber nos cadres de vie. Que peuvent-elles faire ? En premier lieu elles doivent se concentrer sur la mise en place de mesures adaptatives face aux changements climatiques. Pour les lacs, par exemple, elles devront s’assurer que les pluies torrentielles n’entraîneront pas des charges excessives de sédiments dans les lacs en mettant en place une meilleure stratégie de drainage des chemins autour des lacs. L’apport de sédiments dans les lacs favorise le développement des herbiers et leur vieillissement accéléré.
De plus cela devra passer par l’interdiction stricte d’imperméabiliser des surfaces dans les bassins versants des lacs (chemins, entrée charretière) et même, lorsque possible, enlever les surfaces asphaltées. Il ne s’agit pas ici d’enlever l’asphalte en bonne condition, mais de remplacer l’asphalte en fin de vie utile, par des matériaux granulaires drainant et susceptible de freiner la vitesse d’écoulement des eaux limitant ainsi l’arrachement des particules de sols et leur déposition dans les lacs, rivières et milieux humides.
Ce ne sont là que quelques actions simples que nos municipalités peuvent déjà mettre en place pour commencer à s’adapter aux changements climatiques. Assurons-nous que des ressources financières y seront consacrées dans les prochains budgets municipaux. On est rendu là !
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